Je voudrais, en quelques traits, brosser un portrait du Yi Jing avant d’exposer le point de vue qui motive mon travail actuel. Depuis le début (c’était au XX° siècle) je délaisse volontairement les trigrammes pour m’intéresser principalement aux bigrammes et aux 4 dynamiques qu’ils représentent. La solution graphique adoptée par les Chinois pour représenter le changement se résume à 2 traits. L’un continu, l’autre discontinu. Le changement est ce qui relie les 2 traits et non pas les 2 traits eux-mêmes qui ne sont que les images du changement à un moment donné. Toutes les manifestations passent d’un état à l’autre, voilà la vraie nature du changement (Yin Yang). De la représentation binaire (Yin-Yang) du changement, il suffit de moduler en superposant 2 traits. La lecture d’un groupe de traits se fait de bas en haut car, si les informations viennent du haut, les transformations viennent du bas (la Terre réceptionne, transforme et restitue). Nous obtenons 4 images (Si Xiang) reliées par 4 dynamiques. Le changement est ce qui relie les 4 étapes et non les 4 étapes elles-mêmes qui ne sont que les images du changement à un moment donné. Les 4 saisons fournissent l’exemple parfait. Tous les ans le printemps exprime une dynamique centrifuge multi-directionnelle (Yang ouvert). L’été est toujours centrifuge mais plus focalisé sur les choix efficaces du printemps passé (Yang fermé-concentré). L’automne, période du tri. Il faut trancher entre ce qui est récoltable et ce qui est à jeter. C’est la sélection pour engranger, début de la dynamique centripète (Yin fermé). L’hiver représente cette vigilance tranquille qui attend l’étincelle du prochain départ (Yin ouvert). L’homme, dépendant de son environnement, observe et interprète les courants qui le modèlent : les informations qui descendent du Ciel et les transformations qui montent de la Terre. La représentation de ces interactions se fait en 3 couches. Chacune de ces couches présente les 4 étapes de transformation. L’ensemble des possibilités donne une suite de 64 figures composées de 6 traits appelées Hexagrammes ou Gua. Le changement est ce qui relie les 64 Gua et non les 64 Gua eux-mêmes qui ne sont que les images du changement à un moment donné. Aujourd’hui, au stade où en sont les recherches archéologiques, il semblerait que les 8 trigrammes (3 traits superposés) soient postérieurs aux hexagrammes. Ils seraient en quelque sorte le produit d’une deuxième distillation du Yi Jing et leur immense popularité tient probablement au fait qu’ils sont faciles à mémoriser. Ils permettent un classement efficace des hexagrammes ce qui n’est pas rien. Une multitude de commentaires justifient leur importance mais l’ordre dans lequel ils sont traditionnellement présentés ne nous aide pas à comprendre ce qui relie les hexagrammes entre eux. Ils éblouissent plus qu’ils n’éclairent. Ce sont les stars du système. Le Yi Jing est un ouvrage à 2 visages. Sur ce site, c’est le côté Yin qui sera à l’honneur. Le livre que nous connaissons aujourd’hui présente les 64 Gua dans un ordre qui est devenu officiel. La IX° aile du Yi Jing tente un commentaire peu convaincant de cette suite. La recherche d’une cohérence réconfortante nous amène parfois à raconter des histoires que l’on fini par adopter comme vraies. Les deux informations indiscutables que nous apprend le déroulement des hexagrammes du livre sont : Retournés et opposés ont fait l’objet d’une étude particulière au Centre Djohi (association pour l’étude et l’usage du Yi Jing présidée par Cyrille J.-D. Javary). Un commentaire intitulé "XI° aile" témoigne de cette effervescence collective. Nous abordons maintenant la réflexion personnelle qui alimente mon travail. Elle part du principe qu’un hexagramme n’est que la photographie d’une situation ou d’un instant. Je considère que nous avons affaire à 64 clichés statiques d’un mouvement continu à l’instar des livres qui tentent de transmettre une forme de Taichi Chuan avec une suite de dessins ou de photographies. Dans ce qui va suivre, aucune véracité n’est revendiquée. Principe 1 : les 4 images sont la représentation graphique du cycle des transformations naturelles. Sans mutation, un hexagramme évoluera en suivant ce cycle. Si une ou des mutations apparaissent, elles ouvriront la porte sur un nouveau cycle. Principe 2 : ce qui nous intéresse étant la place de l’Humain entre Ciel et Terre, c’est le niveau "Humain" qui sera choisi pour placer les hexagrammes sur la roue des transformations. En suivant ces 2 principes, un hexagramme se transforme en suivant le cycle des 4 images. Les niveaux Terre, Humain et Ciel "avancent" chacun d’un cran et montrent l’hexagramme suivant généré naturellement. Cette suite devrait mettre en lumière une cohérence de type "4 saisons" entre les hexagrammes d’un cycle. A ce stade, la vie ne serait qu’un éternel recommencement si les mutations n’entraient pas en jeu. Je considère comme transformation ce qui fait partie d’un cycle normal dit saisonnier. Je considère comme mutation une opération définitive qui nous fait changer de cycle. Ce sera le cycle de perspective (pour reprendre le terme utilisé par le Centre Djohi lorsqu’il s’agit uniquement de l’hexagramme après mutation des traits). Exemple : Un ou plusieurs traits mutants : nous pouvons lire le cycle classique de l’hexagramme de situation puis voir dans quel autre cycle la ou les mutations nous entraînent ... Je reprends l’exemple déjà illustré qui donne n°27 "nourrir" en situation et n° 25 "spontanément" après mutation des traits 4 et 5 (illustration ci-contre). J’ai présenté cette possibilité de connexion entres hexagrammes aux adhérents du Centre Djohi le 11 Mai 2013. Ces férus de commentaires du Yi Jing m’ont aidé à trouver des liens pour valider ou non les correspondances graphiques évoquées. Pour terminer, voici une illustration de ce que je viens de présenter. Il s’agit des hexagrammes 27, 11, 28 et 12. On a affaire ici à un rouage qui illustre un cycle développé en 24 Qi ... Mais ça c’est la suite de l’histoire ... De nouvelles transformations sont déjà en germe. A bientôt Philippe ThiriotComment exprimer facilement le changement ?
Comment exprimer les étapes du changement ?
Comment exprimer l’ensemble des changements ?
Et les trigrammes ?
Contempler ou calculer ?
Relier les Gua ?
Réflexion personnelle
Principes de base
Exemple : un hexagramme avec les 2 traits centraux Yin sera placé en bas de la roue, en regard de "Grand Yin".Premières observations ...
Au premier regard, en utilisant le nom des hexagrammes, quel conseil peut on retirer de ce cycle ? Une dynamique créative est nourrie par la traversée d’une phase réceptive !
Message du cycle : nourrir une prospérité excessive génère l’adversité !Transformation ou mutation ?
Pas de trait mutant : nous sommes dans le cas d’un cycle classique et nous pouvons tirer des leçons sur la façon dont les choses peuvent évoluer en suivant la ronde saisonnière (pourrait-on voir d’où elles viennent en faisant une lecture en sens inverse ?)Perspective de travail et d’échange
Bilan : comme d’habitude avec le Yi Jing, certaines choses fonctionnent et d’autres non. Il ne me reste plus qu’à plonger dans le texte ... Je garde mon cap et je vais creuser l’idée en préparant une exposition à Aix en Provence : 4 images.
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